peinture Jean Dubuffet
54.
Et ça
schlingue dans les parages, ça ne peut être que ça, odeur de cornichons
périmés, ça ne peut être que le vioque, je hais les vioques et leur senteur de
choucroute rance, j’ai toujours fui les vioques, supporte pas de les voir, de
les entendre, de les sentir, faut jamais s’approcher, entrer dans le halo de la
fragrance, puis le vioque, exhalant son haleine de crabe décomposé, te récite des
bribes ce qu’il appelle l’histoire de sa vie, ne t’épargnant rien, comment il
gisait sous la soupente de son cagibi, somnolant sous les trois couvertures,
comment il enfourcha la Harley-Davidson et fonça sur Highway Memphis East, high
speed, braillant à contre-tempête Dance
me to the End of Love, braguette grande ouverte et tige à foutre debout,
royalement, best cock in town, sauf
que personne n’écoute, personne n’entend, comment gisant sous la soupente du
cagibi, macérant dans ses puanteurs, aucune lune à sa lucarne, bouche
entrouverte il laisse couler ses lallations, bulles de sa bouillie autofictive,
mais il y a davantage de guillemets que de mots, entre les guillemets il n’y a
plus que des points de suspension, et au petit matin la jeune sorcière pousse
la porte et vient s’accroupir au-dessus du grabat, relève ses jupons, retire sa
culotte et s’assied pesamment & humidement sur le visage du grabataire et
pisse d’abondance, le vioque s’extasie — et expire.
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