photo L. Sch.
56.
Les
touches blanches, enfin, pas tout à fait blanches du piano, pas blanches comme
est blanche la neige, mais un peu blanc cassé, ou ivoire (faux ivoire), mais
blanches quand même par contraste radical avec le noir des touches noires,
comme c’est le cas pour quatre-vingt-dix-huit pour cent des pianos, sauf
quelques hammerklaviere que j’ai vus, du XVIIIe siècle, facture spéciale, à
Anvers ou Dresde, où c’était l’inverse, les noires étaient claires, sinon
blanches, et les blanches étaient marron foncé sinon noires, ça dépendait du
bois choisi pour les lamelles, les touches blanches de mon piano Kühne qui se
trouvait dans la pièce dite du piano au rez-de-chaussée de ma maison, les
touches blanches n’étaient plus blanches, ni même blanc cassé, ou ivoire, faux
ivoire, les touches blanches de mon piano étaient noires, noires comme les
touches noires, ce piano sur lequel j’avais depuis l’adolescence fait du
Clementi, du Kuhnau, du Czerny, un peu de Schubert, la sonate dite facile de
Mozart, la Barcarolle de Mendelssohn, le premier mouvement de la Clair de Lune,
je le faisais bien, assez bien, je pense, ce premier mouvement de la Claire de
Lune, presque pas Bach, Bach m’intimidait, sauf le premier prélude du
Bien-Tempéré, toutes les touches de mon piano, les noires & les blanches
étaient noires, et gondolaient, n’étaient plus vraiment dans le rang, les
touches de mon piano Kühne, fabriqué à Dresde, n’étaient plus vraiment
jouables, parce que mon piano avait brûlé.
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