vendredi 30 mars 2012

éclosion

dessin André Haagen - 28 mars 2012



la douceur du mot éclosion
pour moi toujours évoque
celle de la féminine fleur


 

myriades d'anémones...

Anémones, 30 mars 2012 - photo L. Sch.


pour Marc Dugardin   

Myriades d’anémones  écloses
à la lisière des futaies encore nues

personne ne vient les voir
elles ne fleurissent que pour moi

viennent tapisser la voûte de mon crâne
étoiles sur un firmament secret

je traverse le paysage, seul & serein
écoutant une clarinette gitane

pour mourir toutes les saisons sont bonnes
  


 à paraître dans PETITES PARLERIES AU FIL DES JOURS, éditions phi, collection graphiti  

jeudi 22 mars 2012

Du regard dans la peinture

Ambrogio Lorenzetti, fresque à Assise, vers 1320



DU REGARD DANS LA PEINTURE

C’est peut-être le premier regard dans la peinture occidentale.

Cela se passe vers 1320 à Assise, dans la basilique S. François.

Parmi les milliers et milliers de tableaux qui à travers l’histoire de l’art, représentent la Vierge Marie et l’enfant Jésus, il en est un, unique en peinture, à cause du regard entre la mère et l’enfant, regard d’une intensité incomparable ; aucun peintre jusque-là n’avait fait cela, et après, je ne pense pas qu’aucun peintre l’ait encore fait.

Le peintre, c’est Ambrogio Lorenzetti, né à Sienne vers 1290 et mort de la peste noire à Sienne en 1348.

Il vient au bout d’une tradition déjà longue de la représentation de la Vierge et de l’enfant : la séculaire peinture byzantine, puis les grands peintres toscans de la fin du XIIIe siècle et du début du Trecento, surtout Cimabue et Duccio di Buoninsegna.

Cimabue (1240, Florence – 1302, Florence) Ses admirables madones commencent à se libérer de l’hiératique tradition byzantine ; certaines ont une grâce toute nouvelle, mais toutes ont le regard grand qui regarde fixement le spectateur.

Puis, dans la génération suivante, c’est Duccio di Buoninsegna (vers 1260, Sienne – vers 1329, Sienne) à partir de 1280 il peint des dizaines de Madones, dont la fameuse « Maestà » (1308-1311), monumentale détrempe sur bois (2,14 m x 4,12 m) pour la cathédrale de Sienne. Ses Madones au visage grave et tendrement mélancolique tiennent dans leurs bras un bambin souvent espiègle – mais toutes, comme celles du maître Cimabue, ont le regard fixe vers le spectateur.

Ensuite, vers 1320, à Assise, se passe cette chose inouïe : la Vierge détourne son regard du spectateur et le plonge littéralement dans le regard de l’enfant – et l’enfant, tout aussi attentif, regarde intensément sa mère, qui, la bouche entrouverte, est en train de lui faire comprendre quelque chose d’une importance extrême.

On ne verra plus une scène pareille au cours des siècles.


 dans LE FRACAS DES NUAGES, à paraître au Castor Astral, collection 'Curiosa & coetera   

mardi 6 mars 2012

le gué de la nuit...

dessin Jean-Marie Biwer



Cette plage un peu indécise
du petit matin

et te voici locataire de ce qui
hier avait été demain

le gué de la nuit
a donc été amical

tu te réveilles au jour
tu reviens à la vie

et voici ta petite portion d’éternité


inédit à paraître dans PETITES PARLERIES AU FIL DES JOURS, édiditons phi, coll. graphiti   

jeudi 1 mars 2012

première couleur de l'année...

dans mon jardin, matin du 1er mars



et c’est la fin de la non-saison
les crocus ce matin au soleil
gazouillent de toute leur jaunerie
mars revient, et nous allons revivre