Vittore Carpaccio, Funérailles de saint Jérôme Scuola di San Giorgio degli Schiavoni, Venise 1502 (détail)
52.
Mélancolie
dévastatrice, on ne s’en alarme pas, laisse faire, laisse déferler, alpines
& dolomitiennes et cappadociques dégringolades, fonte des noires neiges
dans les hauteurs, et par suite trouver refuge auprès de l’orgue baroque dans
une petite chapelle de la campagne de Lübeck, lancinante ponctuation de la
passacaille buxtehudienne, alvéole nocturne, alcôve clandestine derrière une
épaisse draperie rouge & noire, où vient la fée bienveillante & lascive
prendre dans ses dix doigts mollement le sexe assoupi et empaumer les boules,
et elle presse & malaxe, chuchotant, laisse-toi aller, laisse-moi faire,
spermatise-moi les mains, la passacaille distribue sa lancinante lamentation
dans le crépuscule, les noires neiges des hauteurs fondent & coulent sur
les versants, le Musikus en refait de noirs flocons et les recueille dans sa
partition, avec la suie mouillée il trace & répartit des milliers de notes,
ordonnancement d’autant de chiures de mouches célestes & sonores, le
palmier dans le petit Gottesacker lübeckien s’élève jusqu’au-delà des nuages,
aucun oiseau ne montera aussi haut, quand la mélancolie déferle, on laisse
faire, assiste muet & aphone à la fonte des neiges, et laisse le palmier
s’ériger.
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