peinture Vilhelm
Hammershøi, 1900
48.
Parfois
certains jours sans que je n’aie rien convoqué ou même suscité, tel ou tel
endroit de ma maison, à l’intérieur, selon la perspective ou l’angle de vue, ou
même des circonstances sonores, la Passacaglia per violino solo de Heinrich
Ignaz Franz von Biber ou la Ciaccona op. 2, No 12 d’Arcangelo Corelli, alors
que viens d’apercevoir sur la vitre sale & embuée de la lucarne du grenier
une chrysope, pour la première fois depuis des années une chrysope dans ma
maison, sans que je n’aie rien convoqué ni suscité, tel ou tel endroit à l’intérieur
de ma maison prend des airs de Hammershøi, abstractions géométriques
horizontales & verticales dans toutes les nuances de l’ocre & du gris,
avec quelques diagonales nonchalamment violentes, suggestions de rais vieil or
et halos tamisés verdâtres, tout cela pour exalter l’habitacle où j’ose à peine
bouger ou respirer, comme si je n’étais pas là, n’y avais jamais été et ne le serais
jamais plus, présence aléatoire & incongrue comme cette chrysope aux yeux d’or,
la femme que j’ai le plus aimée avait des yeux d’or, puis ses yeux d’or, un
jour, m’ont jeté un sort, et là où j’habite c’est désormais une évanescence
fantasmée par un peintre danois en 1900.
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