lundi 26 septembre 2016

Proseries, chap. 90

dessin Pierre Aleschinski




90.

Alors qu’invisible gazouille avec insistance & nerveusement un volatile quelque part et qu’un ciel d’automne splendide resplendit splendidement derrière la vitre passablement sale de la lucarne sous laquelle je suis assis devant le large bureau de mon grenier et que je rêve & renifle nu sous mon peignoir dans le matin nouveau, pensant vaguement et cherchant expression à mes pensées que tout cela, le ciel et le monde et le grenier et le matin nouveau, que tout cela est tellement improbable et magnifique et providentiel et immérité, gratuitement offert par le borgne destin qui ferme systématiquement un œil, le mauvais, faisant mine de m’épargner et d’ouvrir devant moi un champ de vacuité pour mon chant de vanité, syllaber vainement des choses vaines mais vitales, et je me mets en devoir de tracer un habile pointillé à la fois élémentaire & complexe, comme esquisse d’un plan d’architecture pour la palissade de protection que je projette afin de définir mon aire de respir, mon domaine de survie, mon quartier d’existence où pour un certain / incertain nombre de jours, peut-être semaines, peut-être mois, peut-être années, sera située ma bulle virtuelle & vivace, dans laquelle je… dans laquelle je… dans laquelle je…


inédit



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