vendredi 9 septembre 2016

FRAGMENTS DU JOURNAL INTIME DE DIEU -- fragment 2089





Fragment 2089 --- Aux premiers temps après la mort de Jésus, sa perpétuation par mise en langage était encore gérable : on se racontait ce qu’il avait fait et dit. Puis plusieurs scribes se mirent à leur pupitre pour noter tout ça. Et on ne disait plus : On raconte que… – mais : C’est écrit que…
Puis Paul de Tarse s’en mêla, et sur son pupitre à lui il remplit feuillet sur feuillet, pour expliquer que Jésus était Dieu. Et par la suite, pour les théologiens des générations à venir, ce fut un indescriptible casse-tête.
Le Nazaréen, à la fois homme et Dieu ? Nature humaine et nature divine dans la même personne ?
Dans le sublime monothéisme égypto-hébreux, rien de ces complications-là n’avait été prévu, quelle embrouille.
On dut avoir recours aux subtilités hautement abstraites des langues grecque et latine, faisant des larcins chez Parménide, Platon, Chrysippe, Plotin, et j’en passe.
Et cela fusait dans tous les sens – sauf qu’il ne fallait pas que ça fusât dans tous les sens.
La théologie des premiers siècles était un chaos foisonnant de doctrines diverses divergentes contradictoires incompatibles. Les plus hautes instances de l’Eglise tentaient sans cesse de mettre de l’ordre et de la suite dans les idées, ; elle intervenait lourdement dans les rivalités doctrinales et traçait un pointillé pointilleux et sévérissime entre les thèses à admettre et celles à rejeter. Pendant des siècles, de conciliabule en conciliabule, de concile en concile, la bataille des mots fera rage.
Le combat contre l’hydre des hérésies fit monter le schmilblick de la théologie à des subtilités de plus en plus aériennes, éthérées & abstruses.
Jésus, à la fois humain et divin ?
En tant que humain, il a la volonté libre, il a la liberté, par exemple, celle de pécher : posse peccare.
En tant que divin, il n’a pas cette liberté, il n’a que la sainteté, il ne peut pas pécher : non posse peccare.
Jésus, au sortir de l’enfance, arrivant à l’âge où les péchés commencent à se commettre : aucun théologien ne s’est posé la question si ce garçon n’a pas fantasmé sur une jeune beauté du village en se branlant dans la pénombre de sa chambre.

Moi en tout cas, à cette époque lointaine & primordiale où je façonnai le corps d’Adam, je me souviens du plaisir que j’avais pris à concevoir ce prodigieux organe à jouissance, ne me posant à aucun moment la question si plus tard ils appelleraient cela péché.



.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire