Enrico Mazzanti, Pinochhio, 1883 |
89.
On est tout le temps,
faut-il encore y insister, faut-il encore le ressasser, on est tout le temps, à
cause de la mort, dans la métaphysique la plus épaisse, la plus grossière, mais
on prend aussi, inexplicablement, une espèce de malicieux plaisir à exécuter
des gestes futiles & insouciants, genre épousseter la surface de la table
de travail avec un soufflet, au lieu de
simplement souffler soi-même, arrondissant la bouche, rejetant l’air
brusquement fortement, deux trois fois, quand j’ai communiqué ça à Michaux, il
s’est cordialement fendu d’un hihihaha tout à fait belge, et pourtant la mort
existe, je l’ai rencontrée, c’était en 1883, quand les quatre lièvres noirs, marchant
sur leurs pattes arrière, et les oreilles dressées, pénétrèrent dans la
chambre, portant sur les épaules un merdique brancard avec le cercueil taillé
juste à ma mesure de Pinocchio, métaphysique si épaisse, dans l’air si aérien,
sous le ciel si cielleux, et transparent jusqu’à l’infini, faut d’urgence
souffler la poussière, nettoyer, faire table rase, remballer les affaires,
toutes les affaires, et le bagage, tout le bagage aussitôt s’évapore, et le futile
soufflet n’en finit pas de souffler.
inédit
.
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