Edward Hopper, Sun in an empty room, 1963 |
chapitre XXII
1.
T’es un galet pourvu de quatre pattes et d’une
queue. La queue au repos est navrante. La queue éveillée est dans un épisode de
Gilgamesh.
2.
J’ai écrit dans le VIIIe tome du projet « Aphorismes »
plus de 700 aphorismes, dont la plupart commencent par parce que. Pour fouetter la pensée.
3.
Dostoïevski écrit sa nouvelle « Douce »
sous grande pression, cravaché par la sténographie. Je, Je et Je, précipitamment.
4.
Parce que l’homme seul est un pantin, un
crétin à ficelles.
Parce que l’homme délaissé est une blatte
shakespearienne.
Parce que l’homme et la femme, ça s’emboîte
si simplement, si facilement.
Parce que la femme et l’homme, ça ne se
rencontre jamais.
5.
Keiner wird
mein Wegrand sein
lass deine Blüten nur verblühen
lass deine Blüten nur verblühen
— Gottfried Benn, Hier ist
kein Trost
6.
Il n’a toujours écrit que sous l’injonction
du Étonne-moi — ça ne
pouvait que foirer.
7.
Jvas mouri
Jvas mouri, mais ça n’impressionne personne — puis ça
arrive, et ils disent Zut c’est trop con
on croyait qu’il blaguait.
8.
J’ai allumé le dictaphone pour n’y mettre
finalement que des crachats.
9.
A une table voisine sur la terrasse, Vladimir
Vissotski, en personne, puis deux tables plus loin, Alfred Schnittke, en
personne, dio mio, ça va musiquer dans la posthumité.
10.
On annonça que les anges buccinateurs
viendraient réveiller les morts — comme si les anges avaient du souffle,
encore une de ces bourdes.
LA LIASSE DES DIX MILLE FRAGMENTS
inédit
.
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