photo L. Sch.
111.
Lambiné, ça y est, il a
encore lambiné, comme il a toujours fait, lambiné musardé flemmardé, dans ce
rythme sans rythme de l’hiver, journée d’abord brumeuse puis mielleusement
dorée d’or pâlot, un saxo tente de badigeonner les sournoises réminiscences, free
jazz qui éructe rauquement ses rudes objections, j’ai encore lambiné, je l’avoue
mais ça me convient, ça m’autorise des bribes de soliloque en noir & blanc,
en février tout est toujours noir & blanc, même sous un ciel bleu où
apparaissent soudain les oies sauvages, elles crient si fort si fort, je ne sais pas grand-chose, alors j’écoute, ponctuant
ma lambinure de ces quelques mots trouvés dans un jaune livre Chambaz, à ma
lettre d’il y a quelques semaines il ne répond pas, pourquoi répondrait-il,
comme Petr Král qui m’écrit : est-ce que nous nous connaissons ?, il
m’écrit ça de Prague, juste quelques phrases qui font irruption dans ma
lambinure, puis peu après, cet autre message : qu’on m’enverra une fanfare
festive, ça veut dire quoi fanfare festive,
funèbre faudrait dire, mon cul, avec ces trompettes, trombones et tubas qui ne
chient que des bémols, et quand passent les oies sauvages, j’écris que passent
les oies sauvages, sans poétiser autrement, j’aime ça quand il y a du parlando,
je suis sensible au parlando, ça me parle, ni rime ni rythme, juste parler, avec
des bémols juste parlés, on a les bémols qu’on peut.
PROSERIES
chapitre 111
inédit
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire