photo L. Sch. |
Dans la première lumière du
petit matin, la mer scintille de myriades d’étincelles, un petit nuage d’humidité
coiffe le sommet de la montagne, le monde est beau d’une beauté qu’on ne peut
pas imaginer plus belle, d’invisibles oiseaux s’égosillent dans les arbres en
fleur, une brise légère fait bouger les feuilles, celle que j’aime est belle d’une
beauté que je ne peux pas imaginer plus belle, c’est un jour sans pareil,
encore un jour dans la suite des jours, encore un jour qui amicalement m’approche
de l’amicale mort, les voluptés d’amour que nous avons connues ont été telles
qu’on ne peut les imaginer plus voluptueuses, une minuscule bestiole sans nom
crapahute le long du bord de ma table, bestiole sans nom et sans destin, messagère
sans message, je respire, respire,
comblé & exténué, le bonheur fusionnel que nous avons vécu ne peut pas être
imaginé autre ou plus grand, et au moment où je m’apprête à devenir solennel
pour dire des choses solennelles, mon regard tombe sur deux trois passereaux
qui batifolent sur le béton, et avec chaque sautillement ils réfutent les
gouffres & les abîmes, si on dit naïvement, me dis-je, des choses
pareilles, c’est qu’on a connu la mystique, la seule authentique, la mystique
immanente, celle de la beauté et de l’amour, vivace plénitude avant de mourir.
Le murmure du monde, vol. VII
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire