manuscrit parasite |
Il dit que souvent il se sent comme après pleurer,
il dit ça à cause de la pesanteur du cœur, à cause de la bleuité de l’âme, il
dit ça parce qu’en respirant, de temps en temps, il renifle un peu, ou soupire
un peu, il écoute dans le bleu du matin la stridence des cigales dans les
platanes, il est assis à l’ombre, mais la réverbération du soleil sur le blanc
du mur est éblouissante, la cigale ça nous ramène à tant de millions d’années,
il dit : je suis vivant, si vivant, le pistil de l’hibiscus fait une permanente
impudente érection, il dit : moi
aussi j’aime beaucoup ça m’ériger, je ne sais pas si le joli crapaud a disparu
dans le ventre du matou, il dit : souvent je ne parle pas pendant des
heures, parfois je ne parle pas pendant des jours, il dit : de temps en
temps je parle tout seul, pour moi avec moi, murmures auxquels se mêlent des bribes
en anglais, such a longing, la mélancolie est facilement anglaise, des bribes
licencieuses aussi, offre-moi ton con, j’aimerais t’écouter gémir pendant que
je te lèche, les cigales n’ont pratiquement pas de vie sexuelle, elles passent
leur sèche existence à crisser
Le murmure du monde, vol. VII
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