peinture Antonio Saura
65.
Épisode,
mot que je haïrai jusqu’à la fin de mes jours, si tant est qu’on puisse dire qu’on
hait un mot, mais je m’entends, et ça me rafistole un peu, gesticulation
histrioniquement vengeresse, ma vie
continue, écrivait Flaubert dans une lettre, continue à se passer sans le moindre épisode, je ne dirais jamais
que je hais le mot hérisson, ou le mot Orion qu’on trouve chez Homère et Horace,
dans la logique solipsiste de mes fragments disjoints se télescopent les
philologismes, les narratèmes et les protocoles de (médiocre) santé, puis dans
un narratème, elle dit : tu as été un épisode, et l’épisode est terminé,
point, il marquait aussi des narratèmes comme : j’ai égaré le capuchon de
mon porte-plume, l’encre va dessécher, je ne vais plus pouvoir amorcer mes
phrases, ni mes narrations ni mes méditations, narrations partiellement
documentaires, partiellement fictionnelles, méditations parfois décisives quant
au thème, parfois parodiques quant aux motifs cervantesques, puis l’écharde traumatisante
remue impitoyablement dans la plaie, le poignard
du mot épisode, épisode point, aucun fer, écrit Babel, aucun fer ne peut pénétrer le cœur humain
avec un froid aussi mortel qu’un point placé au bon moment, et pendant que
je trébuche & bascule, Orion trottine sur son éternel orbite.
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