samedi 14 avril 2018

CAHIER HEMA NOIR - chapitre 63

Strasbourg, photo L. Sch.




63.
En termes d’exploration, je me suis réaventuré, donc, jusqu’à la place Broglie où j’avais hier, comme tu sais, (j’écris ceci dans une lettre à Mathieu Jung), comme tu sais, repéré la librairie Broglie, n’y entrant pas, c’est étonnant, n’examinant que la vitrine, où j’ai repéré le Quarto Perros, et donc, ce matin, je me réaventure jusqu’à la place Broglie, faisant le tour du marché, tant d’odeurs, tant de couleurs, j’ai presque acheté un tapis, tant de visages, gestes, sourires, camelote, chapelets d’ail, culottes (petites, et bon marché), poulets qui dorent, puis j’entre dans la librairie Broglie, examine les étals de nouveautés, acquiers « Délai de grâce » d’Adelheid Duvanel, suicidée en 1996, lue dans les années 70, et « Erri de Luca. Entre Naples et la Bible » d’Henri Godard, et, comme prévu, le Quarto Perros, mille six cents pages, tous mes Perros, une vingtaine, ont brûlé, c’est donc un achat utile, je traverse la rue et vais m’installer à la brasserie Broglie, il est midi, je pose le Perros, gros & lourd, sur la table, et à peine l’ai-je ouvert, que larmes me viennent : Thierry Gillyboeuf le dédie à Yves Landrein (1948-2012), ami et éditeur de Perros, un des derniers ouvrages qu’il a publiés, c’était mon « La Pivoine de Cervantès et autres proseries », je retrouverai Adelheid, elle écrivait de courtes nouvelles étranges inquiétantes, la vie était difficile pour elle, elle finit par en finir, faut jamais chercher consolation sur les pages et on cherche pourtant, et ce qu’on trouve, c’est une sorte de bonheur, qu’il faut bien appeler le vertige de la mélancolie, j’écrirai tout ça dans une lettre à Mathieu Jung, il a la moitié de mon âge, mais il a des antennes, il habite à Strasbouri qui est la ville de Jean-Paul Klée.


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