Strasbourg, photo L. Sch.
63.
En termes d’exploration, je me suis réaventuré, donc,
jusqu’à la place Broglie où j’avais hier, comme tu sais, (j’écris ceci dans une
lettre à Mathieu Jung), comme tu sais, repéré la librairie Broglie, n’y entrant
pas, c’est étonnant, n’examinant que la vitrine, où j’ai repéré le Quarto
Perros, et donc, ce matin, je me réaventure jusqu’à la place Broglie, faisant
le tour du marché, tant d’odeurs, tant de couleurs, j’ai presque acheté un
tapis, tant de visages, gestes, sourires, camelote, chapelets d’ail, culottes
(petites, et bon marché), poulets qui dorent, puis j’entre dans la librairie
Broglie, examine les étals de nouveautés, acquiers « Délai de grâce »
d’Adelheid Duvanel, suicidée en 1996, lue dans les années 70, et « Erri de
Luca. Entre Naples et la Bible » d’Henri Godard, et, comme prévu, le
Quarto Perros, mille six cents pages, tous mes Perros, une vingtaine, ont brûlé,
c’est donc un achat utile, je traverse la rue et vais m’installer à la
brasserie Broglie, il est midi, je pose le Perros, gros & lourd, sur la
table, et à peine l’ai-je ouvert, que larmes me viennent : Thierry Gillyboeuf
le dédie à Yves Landrein (1948-2012), ami et éditeur de Perros, un des derniers
ouvrages qu’il a publiés, c’était mon « La Pivoine de Cervantès et autres
proseries », je retrouverai Adelheid, elle écrivait de courtes nouvelles
étranges inquiétantes, la vie était difficile pour elle, elle finit par en
finir, faut jamais chercher consolation sur les pages et on cherche pourtant,
et ce qu’on trouve, c’est une sorte de bonheur, qu’il faut bien appeler le vertige
de la mélancolie, j’écrirai tout ça dans une lettre à Mathieu Jung, il a la
moitié de mon âge, mais il a des antennes, il habite à Strasbouri qui est la
ville de Jean-Paul Klée.
.
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire