vendredi 9 décembre 2011

écrire, ce n'est rien...

Rosenwald Book of Hours, 1533




Ce qu'il fabriquait, c'était dans l'atelier où étaient passés des Amiel et des Scutenaire; l'un pour la fatrasserie jour­nalière, l'autre pour le sublime goût de la trivialité. Il n'osait évoquer Montaigne, parce que les Essais, depuis toujours, cela va de soi qu'ils aillent de soi, sans conten­tion ni artifice. Gens de l’entreglose, le menu bonheur de l'originalité, de l'infime trouvaille, sera, ici et là, de surcroît, et réservé à ceux qui sont de même farine. Ecrire, ce n'est rien, ce n'est qu'une petite mystique privée et portative. Et c'est assez pour ma peine que lise mon livre pardessus mon épaule distraitement un hypothétique et hypocrite frère.


 dans: Pieds de mouche. Petites proses, éditions phi, 1990

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire