William Gaddis (1922-1998), graphisme L. Sch. |
Chuis
allé voir Gaddis, et nous avons parlé dello scrittore, dello ssscritttorrre,
sous une tonnelle odorante, dans un pays tempéré, sous un ciel clément, dans
une pénombre rassurante, sans témoins, il n’y avait comme possibles espions que
deux ou trois guêpes, dont une intensément occupée à dépecer une chrysope, et
que je te décapite, t’arrache tes diaphanes ailes, te coupe toutes tes pattes,
et que je te suce les succulents jus de ton ventre mou, Gaddis, quelque
posthume qu’il fût sous la tonnelle, était en verve comme jamais, mêlait
babéliquement les langues, roulait des R italiens, malaxait des diphtongues
portugaises, crécelait des consonnes néerlandaises, faisait le tour de Leopardi
en quelques sentences bien balancées, ce qui m’inconsole le plus, gémit-il,
c’est qu’aucune lascivité ne me soit plus permise
inédit - projet SEMIKOLON
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