mouche, sebounet, 2008 |
Elle
plonge sa trompe gourmandement dans une goutte de yaourt aux myrtilles sur la
table de la cuisine, je l’observe, elle se régale, ne bouge pas, et je ne la
fais pas bouger, ne la chasse pas : mouche d’hiver, seule & unique
mouche dans la maison, ses congénères, en été, je les massacre par dizaines,
avec la frappette et avec l’appareil à électrocution, les deux méthodes, je
pense, indolores parce qu’instantanées, c’est elles ou moi, mais maintenant,
dans l’inclémence du temps je deviens clément, tout se passe comme si s’instaurait
une sorte de solidarité des vivants, nous sommes dans la saison de deuil &
de désolance, le peu de vie qui nous reste, mettons-y de la bienveillance, suce,
ma bestiole, suce la crémeuse myrtille, régale-toi de douceur, il y a place
pour nous deux dans l’univers, et si tu promets de ne pas venir me chatouiller
le nez, nous passerons l’hiver ensemble.
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