lundi 26 décembre 2011

le poids des syllabes

Hodler, Lac Léman, 1905

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Tomas Tranströmer au crépuscule contemple de loin New York dans le brouillard avec ses huit millions d’âmes et imagine vitrines de magasins, escaliers d’incendie, ascenseurs, wagons du métro et met tout cela en langage, puis soudain écrit : je sais aussi – sans recours à aucune statistique – qu’en ce moment dans une chambre là-bas dans le lointain on joue Schubert et que pour quelqu’un ces sons ont plus de réalité que tout le reste… Embringué je suis dans le siècle, paumé perdu, la mort me marque de son sceau glacé, et voici deux noms propres dont les syllabes clignotent dans le noir, il n’est d’autre consolation, elle pèse son poids de plume, et pour quelques instants ça me donne des ailes…


 inédit - LE FRACAS DES NUAGES, 2011

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