99.
Le monde si
nécessaire si inutile, nos montres sans cesse donnent l’heure exacte, nul
besoin de les remonter, comme dans l’autre siècle, je n’ai pas vu leurs
intestins où sont logés les ressorts, et les aiguilles, sur le cadran avancent
tournent, quand il fait grand silence on entend un lancinant fluet tictac, c’est
à Rome qu’il faudrait aller, illico, une fourmi ailée depuis deux heures chemine
au fond du cendrier, n’arrive pas à remonter sur les bords, fait des escalades
sur les fragments de cendres cylindriques, remonte redescend, avec une sorte d’acharnement
sinon de désespoir, tous ces pas inutiles, bien des fois aussi elle retombe sur
le dos, se retourne se relève, et continue à cheminer, d’un bord à l’autre,
sans pouvoir quitter le lieu, elle semble ne pas se souvenir qu’elle a des
ailes, je ne sais pas si elle sait où elle est, je ne sais pas si elle voit où
elle est, je ne sais pas ce que voient ses yeux quand elle regarde, ses yeux
sont si minuscules que je ne les vois pas, quand j’écrase un mégot je fais
attention de ne pas écraser la bestiole, tout autour il y a le monde si
nécessaire si inutile, le voyage Rome aller-retour coûterait 7777 rands, dans l’intestin
de la montre s’activent les engrenages et les ressorts bandés du temps qui n’arrête
de marcher, si nécessaire si inutile.
PROSERIES
chapitre 99
inédit
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