jeudi 5 janvier 2017

200 millions d'années...

fossile d'un Coelophysis, 200 millions d'années



chapitre 20

1.
Hilarant spectacle intellectuel, quand l’ignorance des ignorants s’étale dans des argumentations : écoutez raisonner un prédicateur créationniste.


2.
Comment, pendant le trajet sur l’autoroute, après m’avoir empaumé cajoleusement pendant une heure ou deux, elle porte les doigts devant son nez pour les humer avec ravissement.


3.
L’ignorance est la règle, la connaissance l’exception. Il est bien plus facile de se soumettre à quelques slogans sinon à l’un ou l’autre verset sacré, que d’affronter la réalité des faits, de faire ses enquêtes dans le domaine de ce qui est connaissable ou avéré.

Les faits, historiques autant que scientifiques, sont là, virtuellement, à la portée de tous, mais rares sont ceux qui s’y réfèrent.


4.
Comment, pendant que nous nous embrassons chaudement dans le parc du rempart, ma main dans son dos descend s’enfouir dans sa culotte, tandis que ma langue s’enfonce dans sa bouche et le bout de mon doigt dans son cul.


5.
Bel enthousiasme optimiste quand Montaigne commence le lumineux (tardif & dernier) XIIIe chapitre du IIIe livre des « Essais » par les mots : Il n’est désir plus naturel que le désir de connaissance.

Connaître en réfléchissant (appliquant la raison) et examiner la réalité (en ayant recours à l’expérience). Cette connaissance, nous essayons tous les moyens qui nous y peuvent mener. Quand la raison nous faut (ne réussit pas) nous y employons l’expérience (…) qui est un moyen plus faible et moins digne ; mais la vérité est chose si grande, que nous ne devons dédaigner aucune entremise qui nous y conduit.

Cet enthousiasme de penser et d’examiner, est-il si naturel que ça ? Je ne pense pas. Montaigne parle pour lui-même. La plupart des hommes n’ont ni le temps, ni le loisir, ni l’envie, ni le besoin de réfléchir et d’étudier.

La plupart se satisfont ou bien de vagues croyances ou bien d’une foi religieuse bien précise, sans base de réflexion ni d’examen d’aucune sorte, sauf celui, par lecture littérale, de versets archaïques inscrits dans des livres très anciens en des langues qu’ils ne connaissent pas, par des scribes dont ils ne savent rien et dans des circonstances et des contextes dont ils ne se préoccupent pas un seul instant.


6.
Entretien sous un parasol au bord de la mer, avec un couple d’avocats de Paarl, petite ville du Western Cape ; parlons politique, religion et éducation ; dans la classe de leur fils de dix ans, sur les vingt écoliers, dix-sept ou dix-huit sont (de parents) créationnistes ; ici, disent-ils, le calvinisme sévit encore.

Quelques jours plus tard, je m’entretiens avec un cinéaste de Cape Town sur les mêmes sujets ; il ne connaît pas le mot créationniste, mais quand je lui explique, il répond que la grande majorité des gens dans ce pays sont créationnistes. Lui-même, de la part de sa mère, a reçu une éducation religieuse très stricte ; et ce n’est qu’à 42 ans qu’il s’est, avec un immense soulagement, émancipé de la religion : en lisant le livre de Neale Donald Walsch « Conversations with God », livre qui heureusement, dit-il, est devenu ici un bestseller.

Mon interlocuteur mentionne une phrase qui se dit dans le débat religieux : If you believe in dinosaures, you don’t believe in God.


7.
Pour les fondamentalistes il y a deux théories concernant l’origine du monde, exclusives l’une de l’autre : l’évolutionnisme et la Bible. La deuxième est tellement plus plausible parce que divine.

Adam & Eve au paradis, il y a six mille ans, ont batifolé parmi les biches, les marmottes, les puces, les pinsons, les lézards et les dinosaures.


8.
Comment, pendant qu’elle s’en occupe de ses deux mains, avec une sorte d’intense amusement, le prenant tantôt avec douceur tantôt fermement, attentive à ses métamorphoses, le laissant se rabougrir puis le faisant de nouveau gonfler, y mettant la bouche, la langue, pour le malaxer ensuite tout luisant de salive, faisant une moulante glisseuse gaine avec sa main, puis pressant soudain très fort les boules, comme pour les faire juter, et s’extasie de voir suinter du méat sur le bout du gland la petite goutte visqueuse & cristalline qu’elle va recueillir sur le bout de son doigt pour l’étaler sur mes lèvres et y venir ensuite avec les siennes, puis retourne à son tendre labeur manuel, disant : comme j’aime ça, comme ça tombe bien que tu aies ça.


9.
S’il est écrit dans la Bible que Jésus est le nouvel Adam, cela veut dire qu’Adam a réellement existé ; il est le premier homme, et avec Eve il engendré toute l’humanité. Aucun Darwin ne peut toucher à ça. That’s my faith.


10.
Mon interlocuteur de Cape Town dit combien il était soulagé de s’être libéré de la religion ― puis il ajoute : but the uneducated, underprivileged, what else for them if not religion ?



AUTRE LIASSE
Le Murmure du monde, volume VIII
inédit



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