vendredi 20 janvier 2017

billet bleu

dessin © Jean -Marie Biwer, 1986



chapitre 101


Battito di ciglia, sagte er von die Lebben, sey gäwäsen eine immenzzo goddimento, un immense jouissement, et qu’il voulait juste encore dire ça, dans le chaos et l’angoisse, disait je veux pas je veux pas, avait soudain pensé si intensément à ça, regardant hébété autour de lui sur la table, ça : la mort, sur la table encombrée les objets familiers, si familiers, les objets de toujours et si abyssalement incongrus soudain, le briquet la gomme les stylos trente ou quarante stylos les crayons vingt ou trente crayons un taille-crayon, et les livres, une cinquantaine de livres, sur le Rien Nihil Nada Nichts, sur la nudité Nacktheit nudity nakedness, un coupe papier, une règle, un cendrier, et Laughlin et Chomsky, et une cuiller maculée d’écume séchée de café et un billet bleu de 100 rands avec le portrait du buffle, amazing timelessness of things, et éructent éruptent les mots, sey gäwäsen eine immenzzo goddimento, pendant que se met à luire le petit jour, rose & froid, vivre juste pour sentir la vie, dans ce gouffre de solitude, et tout ça ramassé dans une écharde qui transperce la petite âme, animula, battito di ciglia, giro di giostra, une pince à linge, deux trois agrafes, et réminiscence d’une étreinte, respiration fait des ratés et va peut-être sans doute finalement foirer, et une clé USB avec quelques milliers de pages.


PROSERIES
chapitre 101
inédit





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire