Van Eyck, La Vierge au chancelier Rolin, détail, 1435 |
Quand j’ai mal aux dents et à l’estomac et à la rate et au pancréas et
aux clavicules et aux mollets et aux poumons et à la nuque ça me fait une sorte
de plaisir de taper un mot comme ruban, – c’est à cause de Leiris qu’est
passé le mot ruban, et ce soir j’ai mal à la nuque, aux clavicules,
etc., alors je tape ruban. Autour du cou d’Olympia. J’écris une œuvre
sans aucune imagination.
Ce qui me fait le plus chier dans les livres que je lis [sauf pour a)
les astronomes, b) les entomologistes], ce sont les explications, dès
que je flaire de près ou de loin la moindre velléité d’explication, je saute la
phrase, parfois la page, parfois le livre. Et le mal à la nuque continue à me
cogner dans la nuque. Faut-il que j’essssplique ? Si je mentionne les
Perros & les Leiris, ce n’est pas pour insinuer que je me sentirais de
taille à aller pisser avec les grands chiens, c’est juste pour me placer,
clébardement, sous leur protection.
Le lendemain, même trajet, même rivière dans la même vallée, même
crachin, et soudain la Fantaisie en la mineur BWV 922 de JSB, et je repleure. Je donne tout Liszt
et la moitié de Chopin pour ce seul morceau-là.
LE RESSAC DU TEMPS
LE MURMURE DU MONDE / 5
éditions des Vanneaux
à paraître
.
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