Jean-Marie Biwer, Cloud drawing, 2013 |
La trame du temps,
c’est, donc, toute une arithmétique, apparemment transparente et logique, avec
des repères nommables. Hier. Aujourd’hui. Demain. C’est donc, aussi, toute une
géométrie, puisque je peux dessiner le schéma dans l’espace. Et j’appelle ça
des dimensions. Des vecteurs. Je ne me souviens pas, évidemment, quand j’ai
pour la première fois vaguement conçu le concept d’hier, ni le concept de demain.
Plus tard, beaucoup plus tard, je me suis battu avec le concept du présent. Cela s’est passé pendant des
décennies et n’a toujours pas abouti. Je ne saurais pas vraiment dire où j’en
suis. Ni où je vais, à moins d’aligner des platitudes géographiques et plancher
dans la débauche des toponymies. Je note tout ceci sur la tablette pliable d’un
train à grande vitesse qui fonce vers le sud —
et cela dramatise de point en point la notion de présent, c’est une notion tellement différente de celle que je
conçois quand je suis assis à la fenêtre dans ma maison à regarder fixement un
coin du jardin. Je sais ce qu’est le temps, disait saint Augustin, mais quand
on me demande, je ne sais plus. Je changerais donc ma vie demain, si je savais
quand c’est demain.
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