Ils sont encabanés,
homme & femme, pour quelques heures dans cette limousine, qui roule à vive
allure vers le sud, la femme a mal au cœur, mal à l’âme, voudrait somnoler, n’y
arrive pas, l’homme, mains crispées sur le volant, rêvasse aux petits seins de
la secrétaire, il n’a aucune envie d’aller vers le sud, que feront-ils dans le
sud, dans cet hôtel trop luxueux, trop cher, que feront-ils dans ce grand
lit-baldaquin dans lequel ils ne feront rien sauf la grasse matinée,
petit-déjeuner devant la mer à onze heures trente, il n’a tellement pas envie d’aller
dans le sud qu’il roule à 150, mains crispées sur le volant, et pas de radio,
parce que sa Mathilde a, encore, mal à la tête, avachie dans son fauteuil, elle
somnole, puis ouvre un œil et murmure : roule moins vite, après Lyon, les
nuages disparaissent, ciel bleu, avant-goût du sud, nom de Dieu, pense-t-il, la
vie pourrait être belle, pour la première fois depuis leur départ il y a trois
heures, il jette un furtif regard sur sa femme, elle a l’air de dormir, nom de
Dieu, pense-t-il, notre vie était belle autrefois, il a envie de la toucher, il
la touche, pose sa paume sur le genou, et Mathilde aussitôt pose sa main sur la
main de son homme, puis retrousse sa robe, ouvre les jambes, cherche le regard
de l’homme et dit : regarde, j’ai mis un Sloggi, deux secondes plus tard
le véhicule fait plusieurs tonneaux, les deux passagers sont éjectés.
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