lundi 16 janvier 2012

Monothéisme et violence

dessin Annie Vallotton
CARTE BLANCHE 
diffusée sur RTL Luxembourg le 16 janvier (version française)

Monothéisme et violence
PRÉSENTATEUR : Les trois religions monothéistes, le judaïsme, le christianisme et l’islam, sont toujours très présentes dans le monde — et leur influence sur bien des événements reste décisive.
Pour Lambert Schlechter, écrivain et philosophe, il existe un rapport direct entre monothéisme et violence.
Il nous propose quelques réflexions à ce sujet.

Au départ du monothéisme se trouve une déclaration de Dieu lui-même : « il n’est pas d’autre Dieu que moi. »
 
Cette prétention à l’exclusivité marque de son empreinte l’essence même, totalitaire et violente, de toute forme de monothéisme, que celui-ci soit juif, chrétien ou musulman.
 
Les représentants de Dieu sur terre ne font qu’exécuter la volonté divine quand ils persécutent, torturent ou font mettre à mort des personnes qui ne se soumettent pas au schéma prescrit par le Dieu unique.
 
Et cela commence avec Abraham, le père fondateur auquel se réfèrent les trois monothéismes.

 
Par esprit de soumission et d’obéissance vis-à-vis du Dieu surnaturel, Abraham était prêt — sans réfléchir — à faire couler du sang innocent : celui de son propre fils. Tout le monde connaît cette histoire.
 
A ce propos, sur le thème monothéisme et violence, deux exemples tirés de l’actualité :
 
Quand des colons israéliens, avec une arrogance inouïe (et avec la complicité des autorités de l’Etat) continuent à s’approprier des pans entiers de la terre palestinienne, en y établissant leurs durables demeures, cela ne peut s’expliquer en dernière analyse, à mon avis, que par le sentiment qu’ils ont d’être soutenus par l’omnipotent Yahvé — exactement comme cela s’est passé il y a tant de siècles, lorsque pour la première fois ils ont conquis cette terre, avec l’aide efficace des miracles de leur Dieu, comme par exemple lors de l’assaut de la ville de Jéricho — nous lisons à ce propos dans la Bible, livre de Josué, chap. VI, verset 21 : « … tout ce qui se trouvait dans la ville, hommes et femmes, enfants et vieillards, jusqu’aux bœufs, aux brebis et aux ânes, tout passa au fil de l’épée… », paroles de la Bible, livre sanglant et violent.
 
Changement de scène et de contexte — mais toujours le monothéisme…
 
Il y a quelques jours, le 9 janvier, à Rome, le pape Benoît XVI proféra solennellement la déclaration suivante : deux êtres qui s’aiment, sont « … une menace pour la dignité humaine ainsi que pour l’avenir de l’humanité… » — lorsque ces deux êtres sont deux hommes ou deux femmes…
 
Quelle violence inouïe dans ces quelques paroles ! Qui menace l’humanité doit en toute logique être exclu, rejeté, puni, mieux encore : doit être pendu ou brûlé ! 
 
Et cela fut pratiqué ainsi pendant de longs siècles — avec la bénédiction du Dieu unique. Aujourd’hui, dans nos pays, cela ne peut plus se faire aussi facilement: nos législations ne le permettent pas.
 
Mais pour ce qui est de la violence inhérente au discours religieux, rien n’a vraiment changé.

serie 2012: réflexions sur la religion - à suivre

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