Fragment 5226 — La
Résurrection, c’est peut-être le plus colossal des mythologèmes. Paul de Tarse,
l’a développé avec verve, on peut même dire que c’est son principal dada, et
presqu’obsessionnel ; il dit & répète dans toutes les variations
pensables que s’il n’y pas ça dans sa
doctrine, tout s’effondre. Ensuite c’est devenu le noyau dur d’une gigantesque
théologie, la spécificité même de cette religion qui va sévir pendant des
siècles. L’idée sera invariablement reprise, sur tous les tons, depuis les
chaires des cathédrales par évêques et chanoines jusque dans les derniers bleds
bretons, écossais ou frisons par d’humbles petits curés à peine lettrés.
A force de faire circuler
cette altière idée, on en oublie parfois l’origine, je veux dire l’auteur,
celui qui peut légitimement revendiquer d’avoir eu l’idée de cette idée.
Eh bien, c’est un ange. Cet
ange vêtu de blanc, assis dans le jardin à côté d’un tombeau vide, et qui dit à
quelques femmes effrayées, pour expliquer la disparition du cadavre, il dit, et
c’est là que le mot tombe, il dit, et c’est un mot que jusque là on n’avait
jamais entendu, il dit, et il n’y a rien de pareil ni dans Homère ni dans
Hésiode, il dit la parole inouïe, il dit : Il est ressuscité !
Et j’ai laissé faire, laissé
dire — du moment que ça ne grignotait pas sur mon statut à moi…
En ces siècles-là où les
humains avec les Démocrite, les Aristote, les Épicure, s’étaient mis en tête de
cogiter, de raisonner, de calculer, c’était soudain quelque chose de tout à
fait autre.
C’était quelque chose, comment
dire, de magnifiquement farfelu — et alors, pourquoi pas ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire