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peinture de Pierre Aleschinski |
chapitre XXXV
1.
Wafa Sultan, musulmane née en
Syrie, s’enfuit de son pays en 1989 pour s’installer aux États-Unis.
Pendant ses études de médecine à
l’université d’Aleppo, elle est témoin de l’assassinat par les Frères musulmans
de son professeur Yusef al Yusef ; ils
tirèrent, écrit-elle, des centaines
de balles au cri Allahu Akbar.
Elle quitte son pays. Elle quitte
sa religion.
En février 2006, elle participe
(depuis Los Angeles) au forum hebdomadaire « The Opposite Direction »
sur la chaîne arabe Al Jazeera, avec e.a. Ibrahim Al-Khouli, professeur à la
prestigieuse université Al-Azhar du Caire ; son intervention de six
minutes circulera aussitôt sur le net et est vue, en quelques jours, des
centaines de milliers de fois, notamment dans les pays arabes où on prend
connaissance de sa véhémente critique de la foncière intolérance de l’islam et
du sort que cette religion archaïque et patriarcale réserve aux femmes.
En 2009, elle publie son livre
« A God Who Hates » (traduit en français sous le titre plus
académique et lénifiant « L’islam en question »), dans lequel elle
raconte sa jeunesse en Syrie et son itinéraire de pensée de femme révoltée, elle
expose sa critique véhémente de l’islam comme religion et idéologie politique
intolérante, agressive et belliqueuse.
2.
Waleed al-Husseini, musulman
palestinien né en Cisjordanie, devient soudain connu et célèbre, en octobre
2010, à la suite de son arrestation par l’Autorité palestinienne qui l’accuse
d’avoir blasphémé contre l’islam sur sa page Facebook et sur son blog où il a
massivement publié des interventions très critiques sur la religion. Il est
incarcéré pendant dix mois, puis libéré sous caution, mais de nouveau,
sporadiquement, arrêté, et torturé aussi, parce qu’il ne se tait pas. De
nombreuses organisations, au nom de la liberté d’opinion, en Palestine, en
Europe et aux États-Unis, font des appels en sa faveur. La police casse son
ordinateur, pirate son site et efface toutes ses publications ; les
autorités font circuler une fausse déclaration dans laquelle il demande pardon
à ses proches et aux musulmans. Dans sa ville natale des voix se font entendre
comme quoi il faut se saisir de lui et le mettre à mort (comme le Prophète
l’exige pour les apostats).
Il s’exile en France où il crée,
en juillet 2013, avec une trentaine
d’autres ex-musulmans, le « Conseil des ex-musulmans de France ».
En 2015, il publie son livre
« Blasphémateur. Les prisons d’Allah », traduit de l’arabe par Chawki
Freisha aux éditions Grasset. Dans ce livre il relate les péripéties de sa vie
en Palestine, son combat contre l’obscurantisme et les représailles d’un régime
soumis à une idéologie religieuse dogmatique et rétrograde. Dans la conclusion
de son livre il écrit : Au XXIe
siècle, le peuple rêve de troquer la mer stagnante et mortelle de l’héritage
religieux contre l’océan vivant d’une société libre. Il rêve de pouvoir aimer
sans risquer la prison, de s’exprimer sans craindre des représailles (…) Il rêve d’une société où l’emprise de la
religion est interdite.
3.
Hamed Abdel-Samad, né au Caire en
Égypte en 1972, politologue et écrivain — émigre en Allemagne en 1995, apprend
l’anglais, le français, le japonais, fait des études sur la politologie, le
shintoïsme, le bouddhisme, le judaïsme, enseigne et fait des recherches à
l’université de Munich, à l’Institut de l’histoire et de la culture juive
jusqu’en 2009.
Il publie son premier livre en
2009 : « Mein Abschied vom Himmel. Aus dem Leben eines Muslims in
Deutschland », une autobiographie dans laquelle il décrit son itinéraire
intellectuel de jeune islamiste convaincu et militant vers un scepticisme
croissant et finalement un rejet des valeurs islamiques telles qu’elles sont
exposées dans le Coran. D’autres livres suivent au fil des années. Il est
fréquemment invité à des débats à la télévision (consultables, en grand nombre,
sur youtube) et publie de nombreux articles dans la presse allemande, notamment
dans « Die Welt », « Die Zeit », « Focus ».
Depuis novembre 2011, il est membre de « Giordano-Bruno-Stiftung »,
une importante organisation allemande qui milite pour la laïcité et se bat
contre les ingérences religieuses dans la vie sociale et politique.
Le 4 juin 2013, Hamed Abdel-Samad
donne une conférence au Caire dans laquelle il accuse les Frères musulmans de
fascisme, et déclare que ce fascisme trouve ses racines dans l’histoire même de
l’islam, dès l’origine, dans les textes du Prophète.
Dès le lendemain des appels à sa
mise à mort apparaissent sur internet : pour blasphème contre Mohammed. Trois
jours plus tard, le 7 juin 2013, un des chefs spirituels de ‘Gamaa Islamija’
(organisation extrémiste qui a pour but d’établir un État islamique en Égypte)
Assem Abdel-Maged (allié du président Mursi) prononce à la télévision
égyptienne une fatwa de mort contre le conférencier. Et de même Mohammed
Shabaan, professeur à l’université al-Azhar du Caire, prononce lui aussi une
fatwa : il faut tuer le blasphémateur.
Depuis, en Allemagne, Hamed
Abdel-Samad vit reclus, ne peut plus se déplacer librement, doit renoncer à
prendre les transports en commun.
Entretemps, en 2014, paraît son
livre « Der islamische Faschismus », dans lequel il trace des
parallèles entre les fascismes européens du XXe siècle et les stratégies
idéologiques et politiques des islamistes : culte du Chef et d’une
Doctrine lapidaire et intouchable, division des gens entre nous et eux, et ceux qui
ne sont pas nous, sont inférieurs,
sans droits, sans dignité, et à réduire en esclavage ou à éliminer.
Il déclare que DAECH, dans sa
démarche crapuleuse et criminelle, ne fait rien que le Prophète, devenu chef de
guerre, n’a fait lui aussi, comme c’est explicitement documenté dans les
versets du Coran : mener une guerre d’agression et de conquête, soumettre
les peuples et les consciences par la violence des armes, placer les vaincus devant
l’implacable alternative de se convertir ou de se soumettre (en payant un
tribut et en perdant tous les droits), sinon c’est la mort, réduire les
incroyants en esclavage, s’emparer de leurs femmes, butin de guerre, pour en
faire des prostituées à la libre disposition des djihadistes.
Et la femme, aujourd’hui comme
hier, est un des principaux appâts dans le recrutement de guerriers de la
foi : jouir impunément et gratuitement des femmes conquises en cas de
victoire — ou jouir éternellement des 72 houris au
paradis en cas de martyr.
Le dernier livre d’Abdel-Samad
vient de paraître : « Mohamed. Eine Abrechnung » [= un règlement
de compte] — l’islam, tel qu’il est fixé & figé une
fois pour toutes dans les sourates du Coran et dans les hadiths du Prophète,
est une religion de soumission et de persécution, une idéologie de la conquête
du pouvoir qui bafoue la liberté de la pensée et soumet inexorablement la femme
aux volontés et aux fantasmes dominateurs des hommes.
Les versets violents du Coran
sont utilisés par les fondamentalistes pour ancrer leur rigorisme et par les
islamistes pour justifier leurs exactions.
4.
Et les musulmans dits modérés et
conciliants ? On ne les entend jamais mettre en cause ces versets violents,
qui ne sont pas désavoués, réfutés, retirés, remplacés, gommés. Le Coran est
préservé pieusement dans son intégrité sacrée, dans son intégralité littérale,
intouchable et impossible à mettre en examen. en question, en doute — le but de
l’islam, donc, est et reste la conquête des terres et des peuples, la
soumission des âmes et des consciences. Et cela jusqu’à l’islamisation de la
terre entière, selon le vœu saint, vénérable et vénéré d’Allah et du Prophète.
5.
Le Prophète déclare : Mohammed est l’Envoyé d’Allah. Et ceux qui
sont avec lui, sont durs contre les incroyants, mais miséricordieux entre eux.
Le Prophète déclare : Personne ne sera un vrai croyant, avant de
m’aimer plus que ses propres parents, ses propres enfants et tous les êtres
humains.
(Parenthèse,
pour terminer : Jésus, cet autre zélateur du monothéisme, sur lequel le
Prophète a sans doute pris modèle, s’est exprimé en termes tout aussi
violents :
Il
dit : Quant à mes ennemis, ceux qui
n’ont pas voulu que je règne sur eux, amenez-les ici et égorgez-les devant moi.
— Luc 19.27
Il dit: Et quiconque aura quitté, à cause de moi, ses frères, ou ses soeurs ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses terres, ou ses maisons, recevra le centuple, et héritera la vie éternelle. - Matthieu, 19.29)
6.
Différentes sortes de mystique — Ignace de
Loyola, il lui arrivait de verser des larmes pendant la messe, tellement il
sentait la présence du Saint Esprit ; moi il m’arrivait de pleurer en
présence de l’aimée, au moment où je me penchais sur son sexe qu’elle
m’offrait, — je la regarde et la respire, attendri &
sidéré, avant de la toucher, la caresser et la faire jouir.
7.
LAGE DER NATION — Tumblin’ round / mumblin’ words / sobbin’ tears / ugly guy / snuffin’
& snortin’ / totterin’ doter / chatterin’ begger / babblin’ & couphin’
/ futile fool / gosh gosh Wallander orphan oh gosh / gosh gosh Davy Fosta
Wallers sold out gosh my gosh / loosin’ my brain / losin’ my dick oh gosh / gropin’
in the dark / fumblin’ for a grip / thanx for the ride fellers whott a journey
/ o bella bellezza o storia sbagliata / good for nothin’ / comin’ to the point
& droppin’ the final dot
8.
Tout cet entassement — alors qu’il
faudrait détasser.
9.
Montaigne, sans la disparition de
La Boétie, n’aurait pas écrit les „Essais“, dit-on, et disait-il — il m’arrive
de penser que, tout tâcheron que je suis, je n’écris plus que pour quelqu’un
qui a arrêté de me lire. Ça ne m’avance à rien mais ça me donne comme de l’élan.
10.
Ein Schweigen, ein Verschweigen, ein Verstummen — nach so vielen Worten,
Liebesworten, nur noch Wortlosigkeit, alles nur noch posthum, taubes Geraune,
blindes Gestotter, Nach-Rufe wie aus einem albernen Jenseits.
LA LIASSE DES DIX MILLE FRAGMENTS
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