peinture de Pierre Aleschinski |
mardi 1 décembre 2015
incandescence
chapitre
XLV
La stupéfaction qui m’a frappé, le 18 avril 2015 à 5’00
h du matin, lorsque j’ai ouvert la porte de mon grenier-bibliothèque et que
j’ai soudain vu tout l’espace rempli d’une fournaise de flammes hautes de trois
quatre mètres — cette stupéfaction n’a pas arrêté, depuis six mois, de me
frapper, jour après jour, jour & nuit.
2.
La peine de mort pour apostasie : d’après un
sondage, en Égypte 75% de la population sont pour, au Pakistan 81%, en Turquie
5%.
En Europe, au XIVe siècle, on aurait certainement obtenu
un pourcentage aussi important, autour de 80%, sinon plus.
L’idéologie religieuse dominante, avec sa référence à
la mortifère parole de Dieu, dévaste & détruit les cerveaux.
L’Europe a mis quinze siècles pour démanteler la sinistre théocratie et le totalitarisme de la religion.
3.
2015 restera à jamais l’année où le destin m’a
salement cogné dessus : ma bibliothèque a brûlé et mon amour a été réduit
en cendres.
4.
Religion et violence — Le patriarche fondateur des
trois monothéismes, Abraham, se soumettait d’emblée à une voix de l’au-delà,
sans aucune réflexion – étant prêt jusqu’à assassiner son propre fils par pure
obéissance. Au départ des trois grandes religions du Livre, en la personne du patriarche
commun Abraham, il y a le geste de tuer, par injonction divine.
5.
Je suis un auteur heureux & privilégié. Un de mes
prochains livres devait sortir en 2016 chez un éditeur qui vient, assez abruptement, de mettre la clé
sous le paillasson.
Faudra donc chercher un autre hébergement. Ce dimanche 29
novembre j’envoie mon manuscrit aux éditions « Les doigts dans la
prose », une maison jeune et dynamique dont j’apprécie le catalogue ;
ils ont sorti récemment un livre qui m’a enthousiasmé : « Vingt
sonnets à Marie Stuart » de Joseph Brodsky, en langue russe, en traduction
anglaise et en deux traductions françaises, avec une belle postface d’André
Markowicz.
Le soir du même jour, j’ai la réponse de l’éditeur
David Marsac. Vous êtes, écrit-il, l’un des rares écrivains que je pratique en
lecteur tout en rêvant d’en être aussi l’éditeur (…) c’est oui tout de go et sans façon (…) Tout cela est rapide comme l’élan qui me porte à chacun de vos livres.
Le livre, Ve tome de mon projet ‘Le Murmure
du monde’, sortira au printemps prochain.
6.
Je me souviens de sa (ici : la couleur) robe d’été.
7.
En islam, le nom même de la religion signifie soumission, pas
question d’examiner ou d’interpréter les sourates du Coran — suffit de les
réciter, même s’il y en a qui sont davantage récités que d’autres. C’est sans
doute le plus souvent des intentions pédagogiques du maître à penser que
dépendra le choix des versets qui pourront être plutôt miséricordieux ou plutôt
belliqueux, plutôt consensuels ou plutôt conflictuels.
Nombreux sont les versets, parole d’Allah, qui
appellent à la paix. Nombreux aussi ceux, parole d’Allah, qui appellent à la
guerre. Guerre parfois défensive, mais le plus souvent offensive et de
conquête. Mise à mort pour délit de pensée.
8.
Le vote du jury au Prix Ivan Goll a été 6 contre 6,
entre Werner [Lambersy] et moi [pour « Ruine de parole »] ; c’est
la voix du président qui a fait pencher la balance pour lui.
Le soir Werner me fait cadeau de son trophée :
une jolie plaque en terre cuite représentant un cheval ailé. — (texte retrouvé, 26 06 1994)
9.
Les idéaux de liberté et de tolérance dont nous
jouissons aujourd’hui dans certaines régions du monde n’ont pu être réalisés
qu’au bout d’un pénible combat, pendant des siècles, contre l’intolérance
brutale et souvent meurtrière des instances religieuses.
L’histoire de la pensée européenne est l’histoire de
sa persécution. Les grandes idées de la philosophie, les grandes conquêtes de
la science, les grands chefs-d’œuvre de la littérature ont presque sans
exception été réprimés sinon interdits par la religion chrétienne.
10.
J’aurai été un amant heureux & privilégié. Une
passagère époque de ma vie où j’ai vécu une passion réciproque hors norme. L’attirance
désireuse et son assouvissement dans l’incandescence la plus inouïe.
J’en reste marqué à jamais, sceau incrusté au plus
profond de mon être.
Je disais, et dis toujours : Je suis né pour te
connaître.
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