dessin Vincent Crépin |
chapitre III
1.
Dans la salle de bains il n’y a pas d’érotisme
2.
Les zélateurs de l’Etat islamique publient une
vidéo qui les montre au musée de Mossoul, en train de jeter de leurs socles d’anciennes
statues assyriennes qui sont ensuite achevées
avec de gros marteaux — et tout cela sur fond sonore de psalmodies
du Coran, qui en maints versets leur demande de faire ce qu’ils font :
détruire les idoles
3.
Je me souviens, après plus d’un demi-siècle,
de la physionomie de Peter Ustinov dans Quo
Vadis de Marvin LeRoy (1951), son regard égaré et sa moue veule et
dédaigneuse
4.
Ils n’ont jamais vu la beauté. Leurs
érections sont malheureuses
5.
Le parlement anglais, le 28 août 1643, durant
la guerre civile, émet une ordonnance (les islamistes diraient une fatwa) selon laquelle il faut détruire « tous
les monuments d’idolâtrie et de superstition » ; un grand nombre d’œuvres
d’art sacré sont saccagées, des crucifix, des statues de la Vierge, des
effigies de saints, et d’autres emblèmes de la dévotion catholique
6.
Je me souviens de la vieille édition de Quo Vadis de Sienkiewicz (1896) dans la
bibliothèque de mon arrière-grand-père, édition illustrée par de petites
vignettes ; image, dans le cirque, de la jeune Romaine martyre attachée,
nue, sur le dos d’un sauvage taureau ; j’allais maintes fois, en secret, à
cette page-là ouvrir le livre — et aussi ma braguette
7.
En
décembre 1643, William Dowsing, le meneur des vandales envoyés par Cromwell,
écrit dans son rapport sur le saccage d’une chapelle à Cambridge : « We
pulled down two mighty great angells, with wings, and divers other angells . .
. and about a hundred chirubims and angells…”
8.
Dans la salle de bains il y a l’exquis
bonheur de l’intimité, I like so much to watch you, quand tu t’essuies après la
douche, quand tu te brosses les cheveux, quand tu te laves les dents, quand tu
te maquilles, quand tu te démaquilles, quand tu mets ton soutien-gorge, quand
tu me regardes te regarder
9.
Il n’y a pas de raison que je vive encore, il
n’y a aucune raison que je vive encore, mais je vis encore
10.
Quatrain pour petite reine (2008)
L’arbre que
tu touches, dis-tu, prend feu
quel aveu,
ma dangereuse sorcière
mais je ne
vais pas te dénoncer aux inquisiteurs
s’il faut
brûler, c’est moi sur ton bûcher
La liasse des dix mille fragments - inédit
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