vendredi 19 décembre 2014

la deuxième personne du singulier

Lysiane Schlechter, Le songe de Francesca, 2013, technique mixte



Pour noter des bribes de souvenirs sur sa mère, il (S.) construit des phrases à la deuxième personne du singulier, procédé que d’autres ont utilisé pour des fragments autobiographiques, cela peut faire fonction de moteur, on écrit tu pour avoir du répondant, pour rebondir, car il se pourrait que l’interlocuteur (ainsi invoqué convoqué interpellé) réagisse, veuille s’exprimer, à cause du tu on est face à lui, on se confronte, on se met en relief, c’est osé, c’est périlleux, cela met à vif, Auster dans son « Winter Journal » chez Henry Holt & Company (New York) avance à coups de tu, en français, cela s’exaspère, parce que tu est contaminé par tuer, affrontement de duel, dramatisation du face à face, alors qu’il n’y aurait, d’abord, que des choses anodines & quotidiennes à relater, retour aux douceurs du passé.

Le murmure du monde, vol. VII - inédit


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