lundi 25 juin 2012

Sloggi






Ils sont encabanés, homme & femme, pour quelques heures dans cette limousine, qui roule à vive allure vers le sud, la femme a mal au cœur, mal à l’âme, voudrait somnoler, n’y arrive pas, l’homme, mains crispées sur le volant, rêvasse aux petits seins de la secrétaire, il n’a aucune envie d’aller vers le sud, que feront-ils dans le sud, dans cet hôtel trop luxueux, trop cher, que feront-ils dans ce grand lit-baldaquin dans lequel ils ne feront rien sauf la grasse matinée, petit-déjeuner devant la mer à onze heures trente, il n’a tellement pas envie d’aller dans le sud qu’il roule à 150, mains crispées sur le volant, et pas de radio, parce que sa Mathilde a, encore, mal à la tête, avachie dans son fauteuil, elle somnole, puis ouvre un œil et murmure : roule moins vite, après Lyon, les nuages disparaissent, ciel bleu, avant-goût du sud, nom de Dieu, pense-t-il, la vie pourrait être belle, pour la première fois depuis leur départ il y a trois heures, il jette un furtif regard sur sa femme, elle a l’air de dormir, nom de Dieu, pense-t-il, notre vie était belle autrefois, il a envie de la toucher, il la touche, pose sa paume sur le genou, et Mathilde aussitôt pose sa main sur la main de son homme, puis retrousse sa robe, ouvre les jambes, cherche le regard de l’homme et dit : regarde, j’ai mis un Sloggi, deux secondes plus tard le véhicule fait plusieurs tonneaux, les deux passagers sont éjectés.



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